Tic. Tac. Tic. Tac. Voilà qu'il fixait l'horloge. Cette horloge accrochée au mur, qui attirait son regard, qui le charmait. Les aiguilles dansaient avec lenteur autour de leur axe, cherchaient à faire la course, mais il y en avait toujours une qui gagnait. Il était incapable de détacher son regard de l'horloge. Il était perdu dans ses pensées, il se rendait, peu à peu, sans le vouloir, dans les sombres lieux de son esprit. Il repensait, il se souvenait de tous ces moments. Qu'ils soient beaux ou affreux. Ces souvenirs si douloureux, si joyeux. Ceux qui, la nuit, venaient le tourmenter, qui venaient lui gratter les plaies, les rouvrir, encore et encore. Ces vestiges du passé, qui le rendaient fou, qu'il n'oubliait jamais, il ne s'en détachait jamais. Ils venaient lui souffler le soir, au creux de l'oreille, qu'il était le responsable, que tout était de sa faute. Oh, oui. Il se remémorait le passé. Incapable de s'en détacher.
« Alexis ? Es-tu sûr que tout va bien ? »
Les souvenirs se dispersèrent, éclatèrent en morceaux, dans un rire qui le fit frissonner. La bulle était brisée, il pouvait reprendre le cours de sa vie, oubliant un instant ses tracas. Son regard ambre se leva, brillant, embrumé. Des larmes perlant aux coins des yeux. Il ferma les yeux, secoua la tête un instant, reprenant contenance et fixa l'homme devant lui, qui se tenait droit.
Il tenait un livre dans sa main gauche, qu'il vint ranger dans son sac, posé sur la table. Son chapeau menaçait de tomber à chaque instant et Alexis, lui, se contenta de regarder toute cette scène, sans rien dire. Les mots ne servaient à rien, parfois. Les mots ne sont que des mots, parfois pleins de sens, parfois totalement vides. Alors, il se taisait, impuissant face à la détresse qu'il ressentait au plus profond de son âme.
Le propriétaire de la librairie, le fixa, dans les yeux un long moment, le silence prit possession de la pièce. Finalement, il détourna les yeux, réajusta son manteau brun qui lui descendait jusqu'aux genoux, passa une main dans ses cheveux grisonnants et secoua la tête, dépité, triste.
« Vous n'avez pas besoin de dire quelque chose, dit Alexis, la voix légèrement tremblante. »
L'homme hocha la tête, prit son sac et lui tourna le dos, se dirigeant vers la porte d'un pas assuré. Il posa la main sur la poignée et, regardant l'extérieur, observant le monde passer, emmitouflé dans son manteau, il dit tout doucement :
« Arrête de te faire souffrir. »
La porte s'ouvrit, faisant rentrer un air froid dans la grande boutique. Et il sortit, laissant le brun seul, face à lui-même. Il y a bien longtemps qu'il avait abandonné l'idée de se cacher à cet homme qui sentait les émotions des gens. Il se servait à rien de lui mentir.
xxx
Alexis se perdit de nouveau dans ses pensées, venant parfois en aide à quelques clients qui cherchaient un livre qu'ils ne trouvaient pas dans les rayons. Toujours avec amabilité, il venait les renseigner, bien qu'il ne se sentait pas bien.
Alors qu'il semblait sur le point de s'endormir, la clochette de la porte sonna et il se secoua et lança un sourire à la personne qui venait d'entrer. La personne qui venait d'entrer, et qui semblait totalement à l'ouest.
HRP:
C'est assez court, excuse moi ... >//< Et le titre ... Bref on en parle pas.